► Cosmic-Era.com - Turn-A Gundam -
► Présentation
En 1999, 5 ans après le tragique Victory Gundam, Yoshiyuki Tomino revient aux commandes d'une série Gundam, et il entend bien mettre définitivement un terme à la saga. Même si cette volonté sera par la suite outrepassée par les producteurs, Turn-A réussit l'exploit scénaristique d'être la fin de toutes les autres séries, y compris des futures Gundam SEED/Destiny. Mais voyons plutôt de quoi il en retourne...
En l'année CC2345 (Correct Century), l'humanité vit en paix avec un niveau de technologie comprable à celui du début du 20ème siècle, et donc sans colonie spatiale. Elle a pratiquement tout oublié de son passé qui est désormais une période obscure dont peu de gens peuvent parler. C'est en ces temps de quiétude que les habitants de la Lune, les Séléniens ("Moonrace"), envoient en secret trois jeunes gens en reconnaissance sur Terre. Loran Cehack, Keith Laije et Fran Doll se séparent pour entamer chacun de leur côté un vie terrienne. Livré à lui-même en pleine nature et après avoir manqué de se faire dévorer par un loup, Loran est sauvé de la noyade (!) par les sœurs Kihel et Sochie Heim [ci-contre], filles d'une riche famille locale.
Deux ans plus tard, Loran [ci-contre] est un terrien comme un autre. Il est devenu chauffeur personnel des Heim ainsi que l'ami de la famille. Il a même l'honneur de prendre part au rituel de passage à l'age adulte de la cadette, Sochie. Mais au cours de cette cérémonie, des explosions retentissent : la Lune fait une descente armée, ce qui n'est pas du goût des paysans du coin ! Avions miteux contre unité mécanique bipède géante, la pilote de celle-ci craque et use de son canon longue portée, engendrant des dégats considérables. Ce tir fait réagir la statue sacrée "White Doll" de Loran et Sochie, qui se fissure peu à peu pour laisser place à...un Mobile Suit.
Loran, désormais profondément attaché à la Terre et à ses habitants, choisira de piloter cette unité pour lutter contre les siens. Une guerre éclate, les Séléniens voulant revenir à leur planète d'origine, et les Terriens se sentant agressés par cette invasion à peine cachée.
Le scénario se déroule plusieurs siècles après une certaine "Histoire Sombre", qui fut la fin de tout. Si les Séléniens ont gardé une certaine technologie (qui leur est vitale), les Terriens on tout recommencé avec pratiquement rien. Toutefois, ils retrouveront de temps à autres des vestiges du passé... Qui les dépassent ! C'est un concept interresant et original : la fouille archéologique donnant sur du high-tech. Reste aussi aux protagonistes à retrouver ce qui a causé la perte de la civilisation, pour ne pas commettre les mêmes erreurs : armes nuclaires, colony drop, virus, météores, papillons ou guêpes tueuses ? Le manichéisme est bien sûr totalement absent, chaque camp possédant sa dose de bonne volonté et de pourris tirant les ficelles dans l'ombre.
Le design est le seul sujet qui fache. Oui, le seul Gundam est moustachu, et alors ? Pour une fois que l'on a droit à quelque chose d'original, on ne va pas s'en plaindre ! Si son apparence rebute un peu au début, on s'y habitue assez vite jusqu'a le trouver grandiose dans certains épisodes. Les autres mecha sont soit dans le même style, soit des bipèdes, soit des repompes (ô combien justifiées !). L'ensemble est tellement bien réalisé et animé (la qualité graphique est constante dans sa perfection) qu'au final, ça n'est plus qu'une question de goût.
Les musiques, composées par Yôko Kanno (Escaflowne, Macross Plus) sont de toute beauté et en totale harmonie avec les scènes qu'elles illustrent. Que l'ambiance soit légère ou majestueuse, on passe sans mal des mélodies sympatiques aux chœurs prestigieux. Quant aux génériques, ceux d'ouverture sont très dynamiques, incitant à regarder l'épisode, et ceux de fermeture sont tout simplement sublimes.
Que se soit clair, Turn-A n'est pas une série Gundam comme les autres et n'a pas du tout l'apparence des œuvres de l'UC. Par exemple, on n'y trouvera ni New-Type, ni des dizaines de prototypes Gundam fraichement sortis des usines de ZAFT ou de La Vie en Rose, ni même d'abrutis psychologiquement instables car partagés entre deux camps (car Loran assumera vite ses choix, la série n'étant pas centrée sur son doute). Nous sommes ici dans l'œuvre finale, et ça se sent. Tomino s'est affairé à supprimer les défauts des précédentes séries, à commencer par les personnages stéréotypés qui commençaient à revenir en force au premier degré depuis quelques années (Wing...). Les personnages sont plus humains et réalistes que jamais. Bien qu'en nombre assez elevé, ils sont tous dotés de leur propre psychologie et subiront tous une évolution conséquente. Une évolution en finesse, qui se fera au fil du temps et au gré des expériences, bien loin des séries coupées en deux flagrantes ou sans évolution (voire régression)...
Cessons les préjugés, Turn-A n'est pas une série lente et chiante. Son rythme et tout simplement différent de ce qu'on a l'habitude de voir. L'histoire, fort plaisante et tout sauf expédiée en cinq minutes, ne s'enlise jamais : il y a suffisament de mystères, de révélations, de retournements de situation et d'originalité pour nous tenir en haleine pendant 50 épisodes. Reste encore à être en mesure d'apprécier pleinement ce chef-d'œuvre, en commançant par se déconditionner des récentes productions marketing laveuses de cerveaux...
"Mais si Turn-A est si bien, pourquoi est-ce si peu connu et pourquoi est-ce qu'on en entend rarement parler ?"
Tout simplement parce que le Gundam est moustachu. Ce design spécial ammène préjugés et autres phrases clichés du style "Un
Gundam qui ne ressemble plus à un Gundam n'est plus une série Gundam" de la part de ceux qui ne l'ont pas vu. Bref, c'est juste dû à
une mentalité générale étrange qui se permet de juger sans connaître, sans même s'imaginer une seconde que tout n'est pas forcément
aussi aseptisé et sans vie qu'un Kira Yamato à bord d'un Freedom [ci-contre].
Bref, à voir absolument, soit en fin de visionnage Gundam pour ceux qui regardent toute la saga, ou comme nouvelle ammorce (au même
titre que G) pour ceux qui n'aiment pas le Gundam classique (SEED, MSG).