Et sans plus attendre, voici la suite des aventures trépidantes de vos héros, les chevaliers de l'AEUG !
Samedi 10 avril 2010 :
A l'aube sonnant six heures au clocher le plus proche, le réveil retentit et tira les vaillants guerriers de la Confrérie de l'AEUG de leur repos salvateur. Enfin, il s'agit là uniquement d'une formule, car peu d'entre nous avaient réellement trouvé le sommeil. J'avais partagé la couche du sieur Saga qui, par un odieux concours de circonstance, avait, tout comme moi, oublié ou perdu son sac de couchage. Grelottant de froid, perturbée par la perspective de la conférence que je devais donner le lendemain devant 300 personnes, possédée par une chanson qui tournait en boucle dans mon cerveau et ne me laissait aucun répit, j'avais certainement dormi une heure tout au plus, entre deux ronflements de mon compagnon de chambrée. Aussi le réveil plus que le repos fut-il véritablement salvateur, car il sonnait l'heure de l'action, l'imminence de la bataille.
Quelques douches furent prises, quelques verres de jus de fruits furent fraternellement partagés, quelques commentaires sur notre état de fatigue furent grommelés, et nous partîmes courageusement affronter les quelques 35 kilomètres qui nous séparaient encore du Palais Neptune où nous étions attendus pour 7 heures du matin. Et nous arrivâmes à l'heure, après une demi-heure de conduite en pilotage automatique.
Déjà, la populace se massait aux portes du festival, tandis que nous pénétrions fièrement, nos cartons sous le bras, les remparts du palais. Et là, nous fûmes ébahis par le faste qui s'exhibait à nos yeux : l'endroit ne ressemblait en rien aux grands hangars sales et froids que nous avions habité lors de Japan Expo Sud. Au contraire, nous nous trouvions dans un véritable palace de quatre étages reliés par des escalators, tout de verre et de moquette paré, au plafond duquel se trouvaient accrochés de nombreux écrans plats qui diffuseraient, pendant l'événement, les horaires des activités proposées. La configuration originale du lieu ne se prêtait pas vraiment au type d'événement qui nous réunissait, mais il semblait évident que tous les efforts avaient été mis en œuvre afin d'optimiser l'espace.
Nous trouvâmes rapidement notre salle grâce aux bannières savamment conçues par le graphiste de l'équipe organisatrice, qui avait créé un logo AEUG dont les lettres semblaient attachées à une grappe de maquette (ce que je ne remarquai qu'à la fin du week-end). Située au deuxième étage, réservé aux jeux vidéo, elle comptait plusieurs tables aux angles impossibles, de nombreuses chaises, ainsi qu'un vidéo-projecteur accompagné de son écran : un véritable luxe que nous n'avions même pas demandé ! Bientôt débuta la phase la plus longue de toute exposition qui se respecte : la mise en place du stand.
TheSpet se concentra sur le fonctionnement du rétro-projecteur tandis que Milo s'affairait à accrocher des affiches Gundam aux murs. Hebiko installa son téléviseur ainsi que la Playstation 3 amenée pour l'occasion, quant à Aer, il m'aida à disposer les nappes et les divers artbooks avec son talent habituel. Saga et Clems pouvaient donc s'adonner pleinement à la confection de l'exposition maquettes, véritable atout esthétique du stand et objet de toutes les passions. Bien entendu, lorsque les portes de Mangazur s'ouvrirent aux manants à 9 heures, nous étions encore loin d'avoir finis. Mais à 10h30, lorsque débuta notre première animation, la salle était prête à accueillir les participants à l'atelier doublage.
Les volontaires furent nombreux à s'essayer à l'exercice, et tandis que je répétais dans ma barbe le texte de ma conférence, nombre d'entre eux souhaitèrent interpréter les scènes que nous avions préparées. La seule et unique scène tirée de Dragon Ball Z, opposant Végéta et Son Goku, connut un succès aussi retentissant que les hurlements des doubleurs amateurs qui s'en donnèrent à cœur joie lors de Kamehameha explosifs. La convention ne faisait que commencer, et déjà le public se pressait à notre rencontre, ravi de se voir proposé une activité aussi originale.
Lorsque celle-ci s'interrompit à midi, ce fut à votre servante d'entrer en scène. En effet, j'avais une heure pour prendre la parole devant 300 personnes, sur un sujet aussi complexe que "le charadesign dans l'animation japonaise". La salle était immense, la scène, pourvue d'un pupitre sur lequel je disposai l'ordinateur portable de l'AEUG, se garnissait d'un écran absolument gigantesque tel que je n'en avais encore jamais vu. J'avais préalablement testé le diaporama et éliminé une partie du contenu afin de tenir mon timing, je connaissais parfaitement mon texte et maîtrisais mon sujet, mais j'étais extrêmement stressée. Pourtant, ma voix fut sereine, mon débit constant, les notes d'humour glissées dans mon exposé trouvèrent leur public, de nombreux signes de tête du public montrèrent son assentiment et les applaudissements furent nourris. Finalement tout se passa pour le mieux et, à 1 heure, je rejoignis le stand avec enthousiasme, fierté et soulagement.
Une demi-heure seulement nous séparait déjà de l'atelier maquette. Les inscriptions avaient remportées un franc succès, et le maximum de 15 participants avait rapidement été atteint, si bien que nous ne savions pas comment nous pourrions recevoir autant de monde dans une pièce si modeste. Portes fermées, nous reprîmes quelques forces grâce au jus de fruit qu'Aer était allé chercher. Milo et Clems, partis eux aussi en expédition de chasse, eurent moins de chance et se firent arrêter à l'entrée du festival avec une baguette et un malheureux pot de rillettes, qui ne franchit pas l'entrée malgré l'intervention désespérée de Saga. C'est tout juste si nous pûmes rapporter une bonbonne d'eau afin de nous abreuver.
On cherchait manifestement à nous affamer par un odieux stratagème de siège, mais nous avions tout prévu. Nous avions acheté, avant notre départ, un plein carton de nouilles asiatiques aux crevettes, et celui-ci avait passé la porte du palais dans la plus grande insouciance quelques heures auparavant. Dès lors que notre soif fut étanchée, notre faim se fit grandissante, et Aer et Hebiko furent les premiers à prendre leur ration tandis que les préparatifs de l'atelier maquettes battaient leur plein. Mais au lieu des murmures de régal auxquels nous nous attendions, les deux lascars se plaignirent du caractère éminemment pimenté du repas et ne purent finir leurs bols. Les prenant pour des jeunes pucelles, je m'affairai aussitôt à préparer mon plat, et fut également brûlée au troisième degré lorsque j'ingérai la première cuillerée de sauce pimentée. Les nouilles étaient littéralement immangeables en l'état sous peine de contracter un ulcère, et je jetai subtilement mes restes dans une poubelle voisine.
L'atelier maquettes avait déjà commencé, et nombreux étaient le public qui s'y pressait, avec ou sans inscription. Nous dûmes refouler de nombreux individus tandis que nous nous occupions des participants qui, enthousiastes à la tâche et heureux de trouver un endroit calme et frais dans l'enfer de bruit et de moiteur qu'était devenu, en quelques heures, le palais Neptune, s'adonnaient avec joie au montage de modèles réduits.
Il faut dire que j'ai omis de vous parler d'un détail fondamental qui concentra une forte part de mécontentement au sein de l'ordre saint de l'AEUG. Devant la porte de notre salle, qui était située dans un renfoncement à peine visible du second étage, se trouvait une borne Wii dédiée... à un jeu de danse. Aussi notre couloir d'accès était-il perpétuellement bouché par une dizaine d'énergumènes se déhanchant sur Pump up the Jam et autre Cotton Eye Joe, dont les infâmes sonorités s'engouffraient allègrement, elles, par contre, jusqu'à notre havre de paix dédié à la guerre. Nombreux furent les visiteurs qui passèrent à côté de notre stand sans pouvoir y accéder ou sans même l'apercevoir. Nous fîmes le serment solennel de négocier le déplacement de cette borne ou, le cas échéant, de la bouger nous-mêmes le lendemain, sans plus de vergogne que les organisateurs n'en avaient eu en nous imposant ce vacarme assourdissant.
Malgré cette indisposition, qui coûta quelque popularité à notre place forte, l'atelier maquettes se déroula sans encombre et fit des émules. Nous eûmes des participants plus âgés que d'habitude, ainsi l'activité ne se transforma-t-elle pas en garderie comme c'est couramment le cas. ArchangeNoir nous aida à conseiller les participants, tandis que Zertock monta tranquillement un petit Exia au milieu des autres visiteurs. Hebiko tomba sous le charme d'une demoiselle qui customisa sa maquette de façon fort adroite, Clems et moi suivions le déroulement des opérations de chaque participant, TheSpet profitait du wifi pour combler son manque de connexion internet, Aer tenait l'accueil avec son affabilité naturelle, Milo ricanait avec son air blasé habituel, et Saga courait partout, répondant aux questions des visiteurs et aux interviews des associations.
Jusqu'à 16h30, où l'atelier maquettes devait laisser placer au blind-test des répliques. Là aussi les inscriptions avaient connues un franc succès, et tous les places étaient prises. Nous eûmes la joie de rencontrer Hare et Guu en personne, qui participèrent au jeu avec beaucoup d'humour. Très bientôt, un candidat montra sa suprématie : André, un expert du doublage dont nous espérons qu'il joindra bientôt ses forces aux nôtres dans l'accomplissement de notre grande destinée. Sans surprise, il remporta la victoire malgré les handicaps que nous lui imposâmes. C'était la première fois que nous avions de véritables connaisseurs en face de nous, et le plaisir du jeu n'en fut que démultiplié. Des lots prestigieux furent distribués au podium victorieux, tandis que les autres participants reçurent des cadeaux de consolation, maigre butin obtenu de l'organisation de Mangazur regroupant des stylos et autres merdouilles insignifiantes.
Les 19h fatidiques approchaient lorsque l'animation s'acheva. Peu avant la fermeture du salon au public, je décidai de faire un rapide tour des boutiques et autres stands présents, mais je ne trouvais guère d'objets intéressants à acquérir. Finalement, il y avait fort peu de marchands et l'espace d'exposition était considérablement réduit. Dépitée à la perspective de rentrer les mains vides au bercail, je rentrai au stand, où les préparatifs du départ se faisaient sentir. Ceux-ci furent prompts car on nous permit de fermer la porte de la salle à clef, et nous fûmes bientôt sortis du palais, avides de regagner nos quartiers de La Ciotat pour ripailler en toute impunité hors de ces murs hostiles.
La soirée se déroula comme la précédente, à ceci près que le repas fut concocté par une chaîne de restauration rapide américaine à la mascotte clownesque. Le rosé coula moins dru car la fatigue des guerriers était grande. Après avoir englouti leur repas, tous rejoignirent leur chambre dans un dernier sursaut d'énergie. Je tombai dans un profond coma dès que j'entrai en contact avec le lit.
La suite demain^^