Messieurs, mesdames,
Oyez donc la fin d'un récit unique à bien des titres, que ce soit par le caractère épique et éminemment glorieux de son contenu, que par les irréprochables qualités de rédaction de sa narratrice bien-aimée, qu'un petit faquin de free huger osa insulter dans des termes peu avouables. Je ferai fi de vos sarcasmes, maroufles, et poursuivrai donc ce conte, dont déjà les versets se murmurent dans l'Olympe des associations françaises.
Dimanche 21.02 :
Ce fut une nouvelle nuit de sommeil de plomb qui suivit la journée du samedi, riche en émotion (et en kilomètres) en ce qui me concerne. Mais cela ne suffit pas à étancher notre soif de repos : c'est donc épuisés que nous nous levâmes ce matin-là et fîmes notre traditionnelle ronde dans la salle de bain. Il était temps que la convention prenne fin, d'autant que le lendemain, chacun de nous devait reprendre le chemin de l'école pour TheSpet et Saga, et celui de la mine pour votre serviteuse préférée.
Le GPS fut une fois de plus facétieux et nous fit prendre un nouveau chemin inédit à travers les affres de la circulation marseillaise. Cela dit, un calme dominical régnait dans les rues et nous arrivâmes pour la première fois à l'heure au parc Chanot ! Très bientôt rejoints par Aer, Clems et Hebiko, nous fîmes une ovation à Sleep qui avait eu la riche idée de nous apporter un plein sachets de pains au chocolat. Ceux-ci ravirent nos petits estomacs fâchés par deux soirées Flunch plutôt passables, et nous permirent de débuter cette dernière journée sur une note sucrée riche en glucides couvrant 25% des apports journaliers recommandés.
C'est peu après que frère Warlock arriva, motivé jusqu'au bout à surveiller les maquettes de son oeil de lynx. La préparation fut plus rapide ce jour-là. Pendant mon absence de la veille, Saga avait fini de monter l'expo maquettes, et mes oeuvres étaient enfin correctement visibles et appréciables par les badauds. L'écran d'Hebiko fonctionnait correctement, le tirage au sort de la tombola s'était déroulé le samedi soir et soldé par un relatif échec, je me réjouissais seulement de la victoire du seul visiteur qui nous avait acheté un DVD Gineiden.
Clems et Sleep me montrèrent leurs prises de guerre : chacun avait dévalisé les stands de maquettes italiens. Je décidai d'effectuer mon repérage d'achats avant l'heure d'ouverture de la convention, et fonçai chez l'italien. J'y réservai des figurines de One Piece (Sanji, Zoro et Franky victimes des Negative Hollow de Perona sur Thriller Bark) et une figurine de Toshirô/Alfred, le comparse d'Albator et concepteur de l'Arcadia de ma jeunesse. J'avais, la veille, reçu de Saga un cadeau provenant du même stand : la figurine-ultra-deluxe-articulée-qui-change-de-tête-et-tout de Mr.2 Bon-Clay, le méchant/gentil le plus attachant de One Piece. L'italien, béni soit-il entre tous les hommes, lui avait fait une ristourne non négligeable de quelque 15€ !
Je fis ces achats dès que la convention ouvrit ses portes à un public nombreux. Plus tard, je devais aussi acheter le MG du Gouf Custom au stand espagnol, ainsi que le coffret DVD collector de Giant Robo, mais là n'est pas le propos. Le public était donc nombreux et manifestement moins fatigué que nous. En me promenant dans les allées avec Aer, nous eûmes la terrible sensation d'être dans la quatrième dimension. En effet, tout autour de nous, il n'y avait que consplayers, gothic-lolibeurks et emofags munis de panneaux free huggs (ceci n'est pas une faute de frappe, par contre ce fut une faute de ne pas les frapper). Nous étions peu ou prou les seuls à être habillés correctement, et nous nous sentions presque intrus dans l'univers de la fanfreluche et du costume bon marché acheté sur internet.
Bon, il y avait bien quelques cosplay valables et même impressionnants, mais je ne pus guère en profiter car le travail m'attendait au stand. Très bientôt, l'atelier maquettes débuta et une dizaine de personnes souhaitèrent y participer immédiatement. Le vendredi, il n'y avait eu que des enfants, mais ce dimanche, de nombreux ados et même adultes s'initièrent à l'art millénaire du Gunpla. Il y eut même une fille, ou plutôt une madame vu qu'elle devait avoir mon âge, qui monta un Zaku II et acheta aussi un Zeong SD !
En ce qui me concerne, j'aidai pendant tout l'atelier un tout petit bonhomme de 6 ans à peine à monter une maquette SD dont je n'ai plus souvenance du nom. Le gamin m'étonna par la rapidité de son apprentissage et par son habilité à couper les pièces avec une pince deux fois plus grande que sa main. Il ne fit pas la pire maquette de l'atelier, loin de là, et se montra très enthousiaste à l'égard de son nouveau jouet, qu'il cassa 5 minutes après mais bon, il avait payé^^
L'atelier dura des heures car dès qu'une place se libérait, un nouveau participant faisant la queue s'y installait. Les parents étaient dithyrambiques à notre égard, ne cachant pas leur joie de voir leurs bambins s'adonner à autre chose qu'aux jeux DS et aux émissions de catch. Nous donnâmes à tous les coordonnées de hlj mais aussi ceux de nos stands de maquettes favoris, espagnol en tête puisque l'italien vendait des produits assez avancés. J'accompagnai même une mère et son fils chez l'espagnol, que l'ado vida sans complexe sous les yeux de sa mère reconnaissante envers moi. Nous nous séparâmes devant le stand, et lorsque je me retournai, une larme à l'oeil et le poing serré, j'eus le sentiment d'avoir accompli quelque chose de grand.
Pendant ce temps, le stand reçut des hôtes de marque, que Saga accueillit avec les honneurs dûs : il s'agissait de Thomas Guitard et de Geneviève Doang, doubleurs français ayant officié sur Gundam 00 ou encore Gurren Lagann. Je crois pouvoir parler en leur nom en affirmant qu'ils ont été ravis de découvrir le stand et qu'ils ont apprécié notre intérêt pour le doublage. Saga vous en dira probablement davantage à ce sujet...
Mais bientôt, un frisson général parcourut l'espace Chanot. L'heure fatidique approchait. Elle arrivait. Elle était là. Ce dimanche, la convention fermait ses portes au public à 18h, et les allées se vidèrent petit à petit jusqu'à ne plus compter que les exposants qui déjà, s'affairaient à ranger leur bordel. Nous, augustes chevaliers troisième dan de l'Ordre de l'AEUG, n'étions pas en reste. Puisque nous avions vendus, en l'espace d'un week-end, toutes les maquettes FG que nous avions amenées pour les ateliers, nous pensions naïvement que nous aurions plus de place dans le Guncar pour le retour, puisque 3 gros cartons nous étaient désormais inutiles de par leur vacuité.
Je ne sais comment nous nous débrouillâmes, mais c'est tout le contraire qui arriva. Alors que la convention avait débuté sous la pluie, elle se terminait aussi sous la pluie, et Aer reprit sa fonction d'homme-parapluie (je pense qu'il y a matière à créer un super-héros là, j'appelle Frank Miller). Nous bourrâmes le Guncar de nos maquettes personnelles, des livres, nappes, bannières, posters, sans parler évidemment de nos achats, et la séparation, sous l'ondée maligne qui avait attendu le moment du remballage pour tomber d'un ciel pourtant clément pendant le week-end, fut brève et sans effusion. Chacun d'entre nous atteignait ses limites de fatigue, de tolérance au vacarme ambiant et de support sur des pieds endoloris, et n'aspirait qu'à monter en voiture et rentrer à la maison.
Bien sûr, une étape nécessaire nous ramena à Fos-sur-Mer afin de restituer le GPS à son propriétaire, puis nous rentrâmes gaillardement, sans éviter bien sûr de presque tomber en panne d'essence sur la nationale reliant Marseille à je-ne-sais quelle entrée d'autoroute bienvenue. L'arrivée à Montpellier fut un véritable soulagement, car l'autoroute avait ravivé mon désir de sommeil réparateur. TheSpet et Saga avaient décidé qu'ils rateraient les cours le lendemain, mais moi, prolétaire exploitée par le patronat, fouettée dans les mines de charbon par des bourreaux aux visages masqués de cuir et aux corps couverts de chaînes, je ne pouvais guère songer à me soustraire à ma tâche. Ah, qu'il était loin, le temps de mes études, surtout depuis que j'étais devenue une madame...
Pourtant, bien que nous étions fatigués aux limites de la tolérance humaine, nous nous fîmes la réflexion que 3 jours de convention, c'était bien court pour partager une passion avec des visiteurs intéressés et parfois même connaisseurs. Et déjà, nos fronts furent moins embrunis, nos volontés moins brisées, nos yeux moins cernés, et nous parlâmes de nos quêtes à venir, de nos prochaines épopées, de nos futures conquêtes. L'AEUG ne faisait qu'entrer dans la légende. Elle se poursuivrait... à Mangazur !