Bien, maintenant j'ai l'esprit plus clair : je suis revenu dans ma contrée natale, j'ai mes petits déjeuners sucrés quotidiens (ils sont excellents, les petits déj' taïwanais, mais ils ne répondaient guère à des besoins solidement forgés par vingt-et-une années de vie ; où était mon chocolat au lait ?!). Je peux donc e nouveau tenir une discussion expliquée et argumentée sur les achats de DVD et CD à Taïwan.
Quand tu as cité mon message, Jefferson, il eût été plus judicieux de le citer en entier, afin de faire remarquer à tous sa lamentable construction.
Une info-pub, puis une question qui tombe comme un cheveu sur la soupe.... je n'étais pas en forme ce soir-là, en effet
. La faute aux trois heures de cours de chinois quotidiens et à une pratique quotidienne dans un pays où l'anglais est lingua non grata ? Mes deux intentions, informative et interrogative, se sont mélangées maladroitement, compromettant la clarté de ma communication. Je le regrette.
En la matière, la situation de Taïwan est bel et bien particulière, ses règles différentes des nôtres, ses habitudes de consommation alimentées par des liens étroits tissés avec le Japon. Si étroits que les compagnies du Soleil levant ont des implantations à Taïwan et autorisent ce dernier pays à reproduire les musiques. Comme les produits qui en sont issus ne sont pas importés, leur prix est égal à celui des musiques taïwanaises : entre 6 et 8€.
Inutile de vous dire que je m'en suis donné à cœur joie ...
La situation est la même pour les DVD japonais : contrats, reproductions, vente à prix taïwanais, c'est-à-dire un peu plus cher que les CD (8€ le DVD en général, comme c'est le cas pour les DVD de Ginga Eien Densetsu). Bien entendu, c'est du Zone 3.
A partir de là, il est impératif de ne pas confondre prix taïwanais et produit de contrefaçon, ce pourquoi effectivement Taïwan est réputée. Car malgré tout, ce n'est pas parce qu'elle est réputée pour cette piraterie qu'elle en est inondée sur son propre territoire.
Commençons par un petit retour sur la contrefaçon sur cette île : elle ne diffère pas vraiment de ce que nous pouvons voir à Paris, par exemple : devant le Louvre, il n'est pas rare d'apercevoir des hommes, souvent noirs, vendre de sympathiques petites Tour Eiffel et autre babioles, et faire preuve de spectaculaires compétences athlétiques à la vue d'une voiture de police. De même dans les marchés de nuit de Taïwan croise t-on des marchands écoulant des sacs et des vêtements de marques très connues (souvent avec un crocodile), perçant la foule en traînant leur chariot à la vue d'une voiture de police (aux allures américaines, s'il vous plaît). Au grand marché de l'informatique de Taipei, il y a pléthore de logiciels piratés.
Par ces deux exemples, je viens en fait de donner les deux secteurs principalement concernés par une contrefaçon visant le marché national.
Pourtant, le secteur de la musique et de la vidéo procède de même. Comparons mon CD de Mika Nakashima, produit par Miya Records, et made in Taiwan, avec un CD de Shimatani Hitomi acheté à Taïwan. La jaquette dernier, comme tous les CD de musique japonaise produit sur l'île comporte, au dos, non pas quelques lignes, non pas e japonais mais en anglais :
« 2003 Avex Taiwan Inc. (...) This product is licensed to be distributed and sold in the designated territories. Therefore, the distribution and sale of this product in Japan is prohibited »
La condition du prix abordable, c'est l'interdiction de la vente au Japon. Peut-être devrait-on s'inspirer d'un tel système...
Bref, passons au produit de Miya Records. La présentation imite tout à fait celle duproduit japonais. Aucune mention en chinois, seul la marque s'est substituée à celle de la maison de disque d'origine. La mention made in Taiwan ne figure que sur le petit papier coincé entre le plastique d'emballage et la jaquette. Mais là encore, rien en chinois traditionnel (et je sais faire la différence entre certains kanji et les sinogrammes utilisés à Taiwan). A fortiori (pardon, Jefferson : « à plus forte raison » -qu'est-ce que c'est long en français...) ce n'est donc pas destiné au marché taïwanais. Non ?
Surtout que dans les magasins de disque, en règle général, les CD sont classés par maison de disque. Et chaque fan digne de ce nom sait quelle maison de disque produit le chanteur qu'il recherche. Donc, Miya Records ne trouverait même pas sa place dans un magasin. Y compris dans un magasin de disque d'occasion ! J'en ai visité plusieurs (ma radinerie m'y a poussé), et maintenant que ton lien, Jefferson, me le rappelle, je n'ai vu nulle part Miya Records.
Donc, si vous voulez acheter de la musique japonaise à Taïwan, entrez dans un magasin de disque et... enjoy !
Je serai plus court sur les DVD puisque ça fonctionne à peu près pareil. A la réflexion, je n'ai vu dans aucun autre magasin les DVD pirates que j'ai acheté. En outre, ce sont les rares DVD zone 2 qui m'ai été donné de voir... peut-être même les seuls. Ce qui m'amène à penser que la vente de tels produits, dans les rares cas où ça existe sur le territoire national, n'est que le fait des commerçants eux-mêmes, et pas de la mafia (comme le prétend un peu trop rapidement le crétin auteur de ton lien, Jefferson), laquelle ne miserait sans doute pas dans un commerce aussi hasardeux que celui des DVD d'animation japonaise, commerce qui a, quantitativement, un peu plus de potentiel qu'en France (sur la diversité surtout), mais il ne faut pas compter trouver monts et merveilles. Detective Conan est plus populaire que Gundam, Doraemon plus que Pikachu, et ça se ressent dans la difficulté à trouver les deux anime dans le commerce.
Il en ressort donc que la contrefaçon produite à Taïwan a pour grande cible un marché international, moins national, où ce genre de produit est proscrit (honni et par la loi et par le comportement des fans : hyper combo finish !). De facto, on ne risque pas plus de tomber sur un produit de contrefaçon dans ces magasins taïwanais que dans nos boutiques françaises qui, ipso facto, s'en trouvent même potentiellement plus enclines à proposer de la marchandise pirate.
PS : ce sujet de master c'est presque une blague ; presque parce qu'en réalité, ce serait La "Chine dans les têtes", mais depuis que je sais que je peux prétendre à un poste de lecteur de français à Taiwan, je cherche un sujet directement en rapport avec ce pays. Mais imagine un peu, Milo, si j'avais parlé de représentations, de médias de masse, de culture de masse, avec Jefferson qui s'offusque déjà de quatre mots de latin... Je préférais faire ça à dose homéopathique, comme quand je lis une grammaire de chinois (sinon ça fait mal à la tête).