Citation de: Roland le 19 Juillet 2007 à 12:22:23
Par exemple, les OST. Ils siéent pratiquement tous aux péripéties qu'ils accompagnent, parachevant le travail de transfert d'émotions. Je vais prendre un exemple qui m'a totalement subjugué et récent (puisque j'ai acheté tout récemment le DVD 7), le trente-huitième épisode : au moment où Shinn vient de décoller et lance une première offensive sur le Destroy piloté par sa Stella. Tout deux se remémorent au même instant des souvenirs proches qui confèrent à l'action une teinte à la fois ironique et pathétique. Et la musique de donner un surcroît d'afflictiontout en conservant le rythme précipité du combat. Une alliance que j'estime réussit. On vivait déjà ça dans Gundam Seed ; au moment où, s'enfuyant d'Orb, les navettes décollent, laissant Uzumi derrière eux, avec pour accompagnement Akatsuki no kuruma. Même démarche scénaristique, même efficacité.
Il me semble qu'ici on a toujours retenu notre venin en ce qui concerne la musique de GSD, jusqu'à la louer.
J'emmettrais néanmoins un bémol à ce que tu dis. Pour moi, la musique est réussie en soi, pour les thèmes les plus grandiloquants et épiques en tous cas. Ce sont des morceaux exaltants, et ce n'est que ça, pas vraiment l'action à l'écran, qui me font apprécier ces musiques. Difficile dans ce cas-là de parler de succès de la transmission d'émotions. Quoique, l'exception pour ma part restera sans doute la première scène de la série, quand on voit Shinn devant les restes de sa famille, la musique commence avec quelques mesures "glauques", et se poursuit avec lenteur... Elle transmet le bouleversement qui se produit dans la tête du jeunot.
Bref, musique réussie certes, source d'émotions, mais pas vecteur d'émotions qui trouveraient leur origine dans l'intrigue.
CitationLa manière dont il persuade Asran à l'épisode 10 est un beau prélude. Il fait en sorte de tirer avantage de l'amour filiale d'Asran, amour qui venait tout récemment d'être à nouveau malmené, pour obtenir ensuite l'occasion de lui proposer une réintégration dans ZAFT. C'est habillement accompli ; chapeau ! Voilà pourquoi Asran est manipulable. La vision du père aimé se mélait avec celle de l'autocrate avide de mort (ce qu'il semble encore avoir du mal à imaginer). Ca l'a paralysé sur Junius 7, c'est la faille jamais comblée dans laquelle le Président Durandall sut s'engouffrer.
Durandal a beau être un excellent orateur (même si je pense que les créateurs de GSD se sont "simplement" inspirés des poncifs du politicien manipulateur que des enseignements de Cicéron), voir Asran se laisser mener par le bout du nez
aussi facilement après les traumas qu'il a subis à Jachin Due, et même avant, c'est trop. Bon, ça se réfère surtout à une "impression générale", mais le fait est qu'Asran se fait "retourner" trop facilement et trop rapidement. Si ça avait duré disons deux épisodes de plus, avec quelques scènes supplémentaires de l'acabit de "Yzark-Asran-Dearka devant la tombe de Nicol", alors là oui, ce serait passé. Mais le coup du gars qui vient presque faire du tourisme sur les PLANT, taille la discut pas plus de quelques minutes avec ses amis, découvrant au passage que la président utilise un clone de son ex-fiancée, et qui finalement renie sa vie de ces deux dernières années, c'est trop.
CitationD'une, en effet, Mu n'exprime aucun regret, mais il n'extériorise ni ne laisse paraître quelconque joie, fierté, alors que, rappelons-le, il disait sans vergogne qu'il allait "faire un massacre" (pour reprendre ses mots) comme s'il allait festoyer. Un contratse qui se confirme à la toute fin quand il clame aux Zaku qui lui barrent la route du Neo-genesis "comment pouvez-vous protéger une telle monstruosité ?" La seule chose de dommage, c'est qu'il ne soupire qu'un Stella devant les images de Berlin dévasté. De deux, je ne pense toutefois pas que cette carence qui n'avoue pas son nom soit si importante, comme le scénario fait largement porter le chapeau au LOGOS. C'est eux qui jubilent devant les "performances" du Destroy, et avant, c'est Djibril qui commandite la mission et qui chargea Neo/Mu de s'en acquitter en tant que militaire. C'est bien là que tout se joue : Djibril tient l'armée. Si Neo n'avait pas été chargé de cette obligation, un autre l'aurait été et aurait dû s'acquitter de cette obligation de façon semblable. C'est juste que Neo était chargé des extended, je pense. Je soupçonne même que, depuis qu'il est devenue Neo Lornoke, il a été conditionné, préposé à ce genre d'injonction. Ce n'est guère qu'un faire-valoir. D'ailleurs, à un moment, une réminiscence montre Djibril à son chevet alors qu'il avait envor la tête couverte de bandages.
Tu fais bien d'évoquer le cas de Stella, dont Neo s'est montré si proche pour finalement n'être pas très ému du massacre qu'elle a perpéttré et dont elle a été victime. L'autre problème, c'est que pour le relier à Mu, les scénaristes ont affublé Neo de nombreux traits de caractères et tics verbaux qui rappellent celui qu'il a été, suggérant ainsi qu'il a gardé une personnalité qui, si elle n'est pas la même, lui ressemble au moins énormément. Et là, en dépit du conditionnement dont il a sans doute été le sujet (bien qu'au début de la série, quelques plans montrent une certaine ironie de sa part envers le commandement), son absence de remords pour le génocide berlinois qui contraste avec la phrase que tu cites ("comment pouvez-vous protéger une telle monstruosité ?") me choque profondément.
CitationSinon, ce cran au-desu, comme ça touche les civils, est-il bien géré de sorte à produire un effet efficace ?
Dans Gundam Seed Destiny, le mot massacre prend tout son sens. Les hommes sont balayés, sans aucune chance ni espérance de fuite, sans sommation de surcroît. Les rayons frappent indifféremment hommes, femmes, enfants, nourissons, gratte-ciel, résidences, écoles. Même le combat pour stopper le massacre ne fait qu'accroître l'horreur par la mort et la destruction. Bref, tout y est gratuit. Et il m'est apparu que tout est mis en oeuvre pour faire ressortir le pathétique de la situation. Notamment quand Djibrill détruit quatre Plants, lesquels sont ensuite montré en lambeaux, comme l'eussent été les corps humains ainsi frappé. Grande vision d'horreur qu'un berceau de vie déchiqueté : une vision qui suffit à imaginer l'état actuel des habitants désormais morts.
Le problème de ne faire que montrer ce genre d'image, c'est la lassitude que la répétition engendre. Le massacre devient banal. Je reconnais volontiers que ce seul fait revêt une portée didactique, celui de l'ébreuvement d'images qui entraîne le détachement. Mais dans GSD, cet afflux d'images est utilisé au premier degré, pour créer ce sentiment pathétique dont tu parles. Et c'est là non seulement une tare mais aussi un danger de la série : en plus de lasser avec pléthore de massacres ("t'en as vu un, t'en a vu dix"), leur répétition les fait devenir "moins graves". Certes, le public ne va pas transposer ça dans la réalité (j'ose l'espérer), mais ajoute ça au bellicisme dû aux MS divinisés (y'a qu'à voir les fora de fans où ceux-ci braillent en disant vouloir piloter le Strike Freedom ou le Destiny car ils sont "trop puisant", on est loin de Zeta Gundam, Victory ou même 0083 où les vies de héros sont complètement détruites, déchirées par les évènements, et qui encouragent à tout sauf à piloter du MS), et on arrive à quelque chose de plutôt délicat.
CitationMaintenant, j'aimerai reprendre le cas des personnages, sujet que j'ai vu engagé dans la présentation de la série. Je concéde que beaucoup des nouveaux ne sont pas suffisamment développé. Je suis bien d'accord pour dire que Lunamaria est une potiche (toujours sous la tutelle de Shinn, même quand elle devient pilote de l'Impulse). Mais excusez-moi, je pense que vous vous êtes trompés à propos de Shinn. Il est écrits qu'il "ne change jamais de comportement durant toute la série (dommage pour un héros)". Certes. Mais est-ce là le plus important ? Est-ce là-dessus que se tourne la série ? Déjà, franchement, je m'en cogne qu'en deux années il a fait ses classes dans ZAFT et est devenue pilote de la dernière unité de ZAFT à bord du dernier fleuron de l'armée. Pour l'histoire, il fallait un garçon qui, ayant connu la précédente guerre, avait vu sa petite soeur à cinquante mètre de son avant-bras et qui en a tiré une haine significative pour le futur, mais qui pourtant se bat comme soldat (la question est : réglera t-il ses comptes avec sa haine). Shinn est un garçon qui avait besoin d'aide après le traumatisme qu'il a vécu sur Orb. Or il n'en fut pas ainsi. Non seulement rien ne fut fait pour l'aider à évacuer son traumatisme, mais en plus celui-ci fut subtilement utilisé, et je trouve que c'est là que l'intrigue se tourne. Rey est toujours à ses côtés (Shinn ne profite pas de sa permission, Rey reste à ses côtés ; Shinn veut descendre le Freedom parce qu'il a de la rancoeur contre lui, Rey le soutient et le conseil dans sa tache ; Shinn et Asran déserteur se retrouve face à face, Rey est là pour détruire l'ascendance d'Asran sur Shinn par le discrédit). Avec Rey, Shinn a oujours raison, il est toujours le meilleurs. Rey n'en manque pas une pour élever Shin au-dessus des autres. Bref, pour Shinn, Rey est l'ami idéal. Mais un ami eut calmé l'ardeur et le zèle mû par le choc émotionnel, non le cultiver, le maintenir afin de s'assurer en Shinn un allié indéfectible dont il serait toujours aisé, par la persuasion, de s'assurer les services. Même le cadrage y participe : gros plan sur la poignée de main échangée sitôt le Freedom détruit.
Donc, scénario, cadrage, intrigue, tout montre qu'on a un Shinn pourvu d'une rage qui lui vaut d'être manipulée en tant que piéce maîtresse de Durandall, lequel utilise son vecteur, Rey, afinde cultiver la rage sans laquelle Shinn n'aurait guère plus d'importance qu'une fiente de canard.
C'est pourquoi dire que Shinn n'évolue pas me paraît inexacte, tous les paramètres susdits pris en compte. Il eût été plus juste de dire qu'on ne le fait pas évoluer. Dans son entourage, Asran est le seul à avoir essayé , mais chaque fois Rey était là pour faire contre-poids et finalement pour l'évincer.
Si l'on s'évertue à dire que Shinn n'évolue pas, ce qui est totalement vrai ne serait-ce que parce-qu'il ne change jamais de mentalité et ne réfléchit jamais aux conséquences de ses actes, ou alors seulement après et pour deux épisodes au plus (il a tué la soeur de sa futur copine, mais manque de buter celle-ci quand il affronte Asran à la fin), c'est parce-qu'il ne fait jamais son introspection. Tu soulignes le fait intéressant comme quoi Rey est toujours là pour corriger le tir et la manoeuvrer comme le bourricot qu'il est. Mais en dépit de ça, je trouve fondamentalement choquant que Shinn stagne ainsi, sans jamais s'interroger sur ce qui se passe, sur son rapport avec ce qui se passe.
Pourquoi est-ce si mauvais que Shinn n'évolue pas ? Bonne question. Peut-être parce-que, pendant un temps du moins, il est le héros ? Et quel intérêt y a-t-il à suivre un héros durant une cinquantaine d'épisodes si c'est pour l'y voir se noyer dans le bourbier de sa bétise et de son immobilisme ? Voilà le problème, la vanité. Voir Shinn stagner, c'est vain.