The Witcher : checked.
The Witcher 2 : check !
Ayé, je viens de finir le second opus de cette saga qui, comme Mass Effect, a su s'adjoindre l'adjectif "culte" très rapidement, grâce à une recette similaire qui semble bien être celle du win.
Mais inutile d'en rappeler les ingrédients : vous avez certainement déjà tous joué à l'un de ces RPG d'action très scénarisés concentrés sur des choix moraux aux conséquences directes sur le déroulement de l'histoire. Sinon barrez-vous de mon post, vous n'êtes pas dignes de le lire.
Pour les meilleurs d'entre vous, donc, je continue. The Witcher avait frappé fort avec son personnage principal ultra-charismatique, le sexy en diable Geralt de Riv qui hante mes songes moites avec sa grosse épée en argent (mais là n'est pas la question). Le premier opus se distinguait aussi grâce à son système de combat très dynamique, aux mouvements félins issus de la meilleure motion capture, ainsi que son univers riche dans la complexité duquel la patte de l'écrivain se faisait sentir. Un sans faute, à mon goût, achevé par une cinématique annonçant, à grand renfort de suspens insoutenable, une suite sortie il y a tout juste 3 mois.
J'ai donc commandé et reçu la version collector du second opus, dans lequel je me suis absorbée ces 10 derniers jours, jouant très peu d'heures par jour afin d'économiser un jeu que l'on disait court. Et effectivement, The Witcher 2 est moins long que son aîné, plié à 100% en 40 heures pour ma part, là où le nouvel opus m'a résisté pendant une trentaine d'heures environ.
Cependant, The Witcher 2 offre des choix moraux bien plus signifiants que celui du précédent opus, et garantit donc une rejouabilité plaisante puisque d'autres choix ouvrent les portes d'une autre aventure. Il faudrait donc compter une soixantaine d'heures afin d'explorer toutes les possibilités du jeu, ce qui le place en tête de la course.
Il serait bête, néanmoins, de ne comparer The Witcher 2 qu'à son aîné, car en terme de graphismes, c'est tout simplement, à ce jour, le plus beau RPG de tous les temps, catapultant loin, très loin, les efforts américains ou allemands du même genre, détrônés par une bande de Polonais qui ont tout compris au plaisir du RPG occidental (et dans ces moments-là je suis fière de mes racines). The Witcher 2 est un régal de chaque instant pour les yeux, offrant des paysages naturels (autour de Flotsam, à Verguen) et urbins (Loc Muinne) à couper le souffle, si bien qu'il faut réserver un de ces 10 doigts à une touche de capture d'écran, tant la photographie de chaque plan est travaillée avec maestria.
En matière de scénario, The Witcher 2 commence là où le premier s'est arrêté. Quelques mois après la tentative d'assassinat du roi Foltest, ce dernier assiège le château des La Valette, protégé par Geralt dont il a fait son garde du corps. Mais la bataille tourne court lorsqu'un dragon attaque la citadelle...
Impossible d'aller plus loin sans dévoiler des éléments de surprise qui donnent tout leur charme au jeu, mais sachez que l'intrigue politique sera de la partie, dans une histoire complexe riche de rebondissements et aux personnages indécodables.
Malheureusement, le portrait idyllique ne tarde pas à se fissurer. Dès le début du jeu, en fait, le malaise peut se faire sentir pour certains joueurs, et cela a été mon cas. En effet, de nombreux choix que j'avais faits dans le premier opus n'ont pas été suivis dans le second, qui commence de manière standardisée pour tout le monde (il paraît qu'il y a un système d'importation de sauvegarde, comme pour Mass Effect, mais je ne l'ai pas trouvé). Du coup, on peut avoir à incarner un Geralt qui a fait des choix totalement différents de ceux que l'on a fait au cours de The Witcher premier du nom... premier défaut, et non des moindres.
Par exemple, dans ma partie, Geralt était amoureux et en couple avec Shani, et avait mis un gros vent à Triss, qui refusait tout simplement de lui adresser la parole. Dans The Witcher 2, le jeu débute alors que Geralt forme un couple heureux avec Triss !... j'ai dû faire un gros effort pour imaginer comment la situation avait évolué de la sorte afin que mon expérience de jeu soit cohérente. Mais j'étais déçue.
L'autre déception principale est venue du remaniement du système de combat, assez simplifié, ainsi que de la hausse très notable du niveau de difficulté du jeu, ce qui m'a fait de l'acte 1 (Flotsam) un véritable cauchemar dans lequel je ne prenais tout simplement pas de plaisir ! J'ai dû, je le confesse, mettre le jeu en mode facile quelques heures, afin de gagner de l'XP et de débloquer quelques compétences qui m'ont permis de sortir de l'impasse dans laquelle j'étais. J'en ai très honte, mais c'est le seul jeu qui m'a obligé à recourir à cette extrémité, car je n'étais pas loin d'abandonner, tout simplement.
Après, on pourra critiquer en vrac :
- les musiques, épiques certes mais moins racées que dans le premier opus,
- le système de bras de fer, tout simplement hermétique (ce sont les seules quêtes que je n'ai pas faites),
- l'impossibilité de boire des potions pendant les combats, ce qui accroît la dimension tactique au détriment de la spontanéité (ce qui peut conduire à du die and retry)
- l'interface clairement orientée console et donc complètement foutraque,
- le changement des comédiens français interprétant Geralt, Triss et Jaskier T__T. Dommage car la VF est parfaite, et les comédiens remplaçants sont très bons, mais le manque de suivi est à déplorer ; surtout pour Jaskier : j'ai beau aimer Vincent Ropion, j'en ai plus que marre de l'entendre dans absolument tous les jeux vidéo du moment (d'autant plus que son premier comédien avait une voix très particulière qui collait beaucoup mieux au personnage le plus drôle de la saga).
Par contre, on remarquera avec grand plaisir :
- les modifications du système de combat à mains nues, avec des QTE très faciles et des animations sublimes,
- le système de crafting, qui est une bonne idée malmenée par l'interface pourrave,
- le nombre incroyable de phrases enregistrées pour le jeu (dans une VF, je le répète, parfaite), avec des comédiens qui ont dû être morts de rire devant les dialogues complètement surréalistes du jeu (l'inénarrable "il s'est fourré un oeil de porc dans le cul" du camp des Stries Bleues à Verguen).
Il est malheureux toutefois que la saga ait perdu en route, peut-être à cause de la censure ou d'une volonté d'internationaliser la franchise, ce qui faisait une grande partie du charme du premier opus : l'alcool et le sexe ! Il n'est plus possible de se bourrer la gueule pour rien : les beuveries sont dorénavant scriptées, il y en a en tout et pour tout 3 au cours du jeu. De plus, les femmes de la vallée du Pontar ne sont pas des nymphos comme à Téméria, et Geralt n'a plus son statut de cochon lubrique : n'espérez pas ici collectionner des cartes de vos conquêtes, seules quelques rencontres coquines sont possibles...
On a la très forte impression qu'une volonté de plaire davantage aux puritains américains est passée par là, au détriment du bon esprit polonais qui habitait The Witcher en 2007. Qu'en sera-t-il dans l'hypothétique troisième jeu ? Je ne sais pas, en tout cas je le précommanderai sans aucune hésitation.
Et si l'un d'entre vous a les bouquins du Sorceleur, sortis en France aux éditions Bragelonne, qu'il me les prête, ça me fera patienter !